La Toujours jeune

[Event "Berlin 1852 - Gambit Evans"] [Site "?"] [Date "????.??.??"] [Round "?"] [White "Adolf Anderssen"] [Black "Jean Dufresne"] [Result "1-0"] [ECO "?"] [WhiteElo "?"] [BlackElo "?"] [Annotator "La Toujours Jeune"] [PlyCount "99"] [EventDate "????.??.??"] {Adolf Anderssen est un célèbre joueur d'Echecs né à Breslau en 1818 Allemagne. Il est considéré comme l'un des meilleurs représentants de l'école romantique. Depuis le mémorable tournoi de Londres en 1851, où il est devenu officieusement champion du monde des Echecs, Anderssen ne joue que des parties libres, pratiquant son art avec qui souhaite le confronter. C'est à Berlin que Dufresne, fort joueur allemand et auteur de nombreux ouvrages, croise le fer avec Anderssen. A ce moment-là, Anderssen est au meilleur de sa forme, pour le plus grand malheur de Dufresne. "La toujours jeune" ou "La pervenche dans la couronne de lauriers" (expression due à Wilhelm Steinitz. )} 1.e4 e5 2.Nf3 Nc6 3.Bc4 Bc5 4.b4 {un sacrifice de pion imaginé par le capitaine de vaisseau Williams Davies Evans et typique du style romantique. En attirant le Fou noir sur b4, les Blancs ont l'idée de gagner un temps pour avancer leur deuxième pion au centre.} 4... Bxb4 5.c3 Ba5 6.d4 exd4 7.O-O d3!? {la suite exacte est 7. ... Cge7, mais les Noirs veulent éviter que les Blancs puissent plus tard disposer de la case c3 pour leur Cavalier.} 8.Qb3 Qf6 {De7 se heurte à 9.Fa3 d6 10.e5! avec du jeu sur la colonne "e" en direction du Roi noir.} 9.e5 Qg6 ({si} Nxe5? 10.Re1 d6 11.Qb5+{ gagne une pièce }) 10.Re1 Nge7 11.Ba3 b5! {un gambit ingénieux qui permet aux Noirs de sortir leurs pièces de l'aîle-dame avec dynamisme.} 12.Qxb5 Rb8 13.Qa4 Bb6 ({si} 13... 0-0 14.Bxe7 Nxe7 15.Qxa5 ) 14.Nbd2 Bb7 {les deux camps sont maintenant prêts à lancer leurs forces dans la bataille.} 15.Ne4 Qf5? {Ce dernier coup, inexplicable, ne sert à rien, alors que 15... 0-0 était tout indiqué.} 16.Bxd3 Qh5 17.Nf6+! {un pseudo-sacrifice} 17... gxf6 18.exf6 Rg8 {ce coup donne aux Noirs une contre-attaque sur la colonne "g". Qui pourrait croire que ce dernier coup est une faute fatale? Il faudra cinq coups de plus pour comprendre la faute. A la décharge de Dufresne, Anderssen a calculé une excellente, et inattendue, combinaison qui donnera le gain aux Blancs, laquelle commence par le coup qui suit.} 19.Rad1!? {Ce mouvement est à la source d'une polémique qui durera au moins un siècle. Les Blancs pouvaient renforcer, de façon décisive, leur attaque par 19. Fe4 plus fort et plus sûr, alors que le coup retenu pouvait être réfuté par 19... Tg4 selon certains analystes. A la décharge d'Anderssen, il faut mentionner que le temps de réflexion lui est compté. Mais fidèle à son style Anderssen offre son deuxième Cavalier pour une forte attaque.} 19... Qxf3 {Dufresne ne semble pas anticiper ce qui va suivre. Seul 19...Tg4 permet aux Noirs de résister.} 20.Rxe7+!! {troisième sacrifice qui prépare le plus spectaculaire de tous, celui de la Dame. Remarquez que les Noirs eux aussi menacent à tout moment Dxg2 mat } 20... Nxe7 ({si }20... Kf8 21.Re3+ {gagne la Dame}) ({si }20... Kd8 21.Rxd7+ Kc8 22.Rd8+ Nxd8 23.Qd7+ Kxd7 24.Bf5+ Ke8 25.Bd7#) 21.Qxd7+!! Kxd7 {un sacrifice de Dame que les Noirs sont forcés d'accepter. } 22.Bf5+ Ke8 {si Rc6 23.Fd7#} 23.Bd7+ Kf8 {ou Rd8 idem} 24.Bxe7# {Maintenant, l'utilité du coup 19. ... Tg4 apparaît. En effet, le Roi noir avait une case de fuite : g8. Dufresne n'a pas trouvé ce coup salvateur, mais il jouait contre forte partie. Les analystes qui critiquèrent sa décision de ne pas jouer 19. ... Tg4 auraient été bien embêtés de trouver cette suite exacte s'ils s'étaient trouvés dans la même situation. Maintes analyses ont été publiées pour réfuter la combinaison commençant par 19. Tad1. Cependant, aucune n'est parvenue à clore le sujet, car de nouvelles positions toutes aussi favorables aux blancs apparaissent, lesquelles donnent naissance à d'autres combinaisons, toutes aussi fantastiques. Pour cette raison, face à l'armée des analystes, cette partie est qualifiée de verdoyante ou toujours reverdissante, d'où son nom de « toujours jeune ». Sachant qu'Anderssen n'a mis au plus qu'une demi-heure pour élaborer la combinaison, il nous faut saluer son génie. Bien sûr, il n'a pas pu calculer toutes les possibilités, mais son intuition profonde et ses énormes capacités combinatoires ont donné naissance à ce joyau.} 1-0